A voir le titre du nouveau mini-album de Ni Zheng, on se dit que l’artiste n’a pas dû mettre de coté son goût pour les ambiances sombres.
Et dès les premières mesures de Fetid Things, les choses se mettent instantanément en place, avec ses sonorités de bête sauvage rauque sur loops entêtants, échappés d’une zone hors de contrôle par les vivants.
Ni Zheng aime développer des atmosphères hantées où le moindre son soulève question. Les expérimentations roulent sur des amas de cailloux recouverts de taches sanglantes, les soupirs inquiétants se muent en crissements lugubres, les orgues en fond viennent toucher les pieds de bébés endormis à la peau craquelée.
Une sexualité déviante se glisse entre les notes pour projeter sur un écran géant, la beauté hypnotique de mondes oppressants.
Ni Zheng tord les lumières, détruit toute notion de repère pour créer des fantasmes chaotiques à l’haleine alcoolisée.
Fetid Things nous convie au mariage sordide de la réalité vraie et de la fiction hurlante, plongée dans les abysses d’une musique nourrie par le plaisir de s’ouvrir les veines à coups de croissants de lune, connectée au monde de Dieux voraces, avides de sévices psychiques et de douleur spirituelle. Darkement jouissif.
- Roland Torres